Auto-évaluer son niveau de compétences, pas si simple

Dans l’épisode du Conseil VAE de la Semaine, nous abordons aujourd’hui un sujet difficile pour de nombreux candidats à la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) : l’autoévaluation de vos niveaux de compétences au travers la présentation d’un outil pratique ; pour vous aider à vous situer sur les compétences attendus de votre diplôme ; et ce à chaque étape de votre démarche VAE (choix du diplôme, recevabilité, rédaction du livret VAE, jury VAE). 

L’auto-évaluation de vos compétences est au cœur de votre démarche VAE

Nous ne le répéterons jamais assez : l’autoévaluation des compétences est un élément essentiel de votre démarche de VAE. 

Or, l’acte d’autoévaluation en lui-même, ne suffit pas.  La démarche VAE implique d’étayer votre auto-évaluation avec des exemples concrets de situations vécues, des illustrations, et des preuves. 

L’autoévaluation se retrouve à toutes les étapes de la démarche VAE : 

Globalement d’abord, puisque le but de votre démarche de VAE est de relier vos compétences acquises grâce à votre expérience professionnelle au référentiel de compétences (c’est-à-dire les compétences requises pour valider le diplôme). Ainsi dès la sélection du diplôme une autoévaluation au plus juste, vous permet d’identifier vos forces (à mettre en avant), ainsi que vos éventuelles lacunes par rapport aux exigences du diplôme visé. Ce dernier aspect est particulièrement important pour cibler les domaines dans lesquels vous pourriez avoir besoin de développer vos compétences ou de rechercher des preuves supplémentaires pour répondre aux critères d’évaluation. 

Parfois, l’autoévaluation peut être explicitement demandée par le certificateur, par le biais de grilles d’autoévaluation des compétences. Même si ce n’est pas explicitement demandé, cela peut toujours aider le jury à évaluer si vous avez le niveau requis pour le diplôme.

Lors du jury VAE, des questions peuvent être posées pour mesurer votre capacité d’autoévaluation et bien sûr votre degré de maitrise d’une compétences (Par exemple : « A quel niveau pensez-vous maîtriser cette compétence ? Quel est votre degré d’expertise de cette connaissance d’après vous ? »). 

Un modèle d’autoévaluation qui a fait ses preuves 

Pour vous aider dans ce processus, nous vous présentons UN modèle, que nous avons choisi parmi d’autres : le modèle d’acquisition des compétences des frères Dreyfus, également connu sous le nom de modèle des cinq niveaux de compétence. 

Ce modèle, développé par Hubert et Stuart Dreyfus dans les années 1980, décrit comment les individus acquièrent des compétences dans un domaine spécifique, en mettant en évidence le processus de passage de l’incompétence à l’expertise.

Ce modèle est particulièrement utile en VAE, car il illustre que la maîtrise d’une compétence s’acquiert avec le temps, l’expérience, et l’analyse des succès et des échecs. 

Cependant, il est important de noter que ce processus d’apprentissage peut ne pas être aussi linéaire qu’il y paraît, car il est influencé par des facteurs contextuels tels que la motivation, les environnements d’apprentissage, et les opportunités de pratique.

Selon les frères Dreyfus, il existe cinq niveaux de compétence distincts :

  • Niveau Novice (1/5) ; 

Vous êtes débutant et vous suivez des règles strictes pour accomplir des tâches spécifiques. Vous avez besoin d’instructions détaillées et vous ne pouvez pas faire face à des situations imprévues.

Par exemple : Si vous ne vous êtes jamais intéressé à la cuisine ; vous partez sans aucune expérience et que vous essayiez de préparer un plat simple, comme des œufs au plat / des pâtes au saumon. Vous suivez une recette étape par étape, mesurant précisément les ingrédients et suivant les temps de cuisson recommandés. Vous avez besoin d’instructions détaillées pour chaque étape du processus. 

  • Niveau Débutant (2/5)

Vous avez un peu d’expérience et vous commencez à comprendre certains schémas dans le domaine. Vous pouvez prendre des décisions plus autonomes, mais vous manquez encore d’une vision globale. 

Par exemple : Vous commencez à vous sentir plus à l’aise en cuisine et vous pouvez ajuster les quantités d’ingrédients en fonction de vos préférences. Vous commencez également à comprendre comment les saveurs se combinent et vous pouvez commencer à improviser avec les ingrédients de base.

  • Niveau Compétent (3/5) :

Vous avez accumulé suffisamment d’expérience pour voir les situations dans leur ensemble. Vous pouvez prendre des décisions basées sur des principes généraux plutôt que de suivre des règles spécifiques. Cependant, vous pouvez encore rencontrer des difficultés face à des situations inhabituelles.

Par exemple : À ce stade « compétent », vous avez développé une compréhension globale des techniques de cuisson, des temps de cuisson et des combinaisons d’ingrédients. Vous pouvez improviser des recettes, ajuster les assaisonnements selon votre goût et avoir une idée précise de la façon dont les différents ingrédients interagissent entre eux.

  • Niveau Expert (4/5)

Vous possédez une connaissance approfondie du domaine. Vous pouvez prendre des décisions intuitives basées sur votre expérience et résoudre des problèmes complexes. Votre expertise est souvent tacite et intuitive, ce qui peut rendre difficile pour vous d’expliquer votre raisonnement aux autres.

Par exemple : Après de nombreuses années de pratique et d’exploration culinaire, vous atteignez le niveau expert. Vous avez acquis une connaissance approfondie des techniques culinaires avancées, des associations de saveurs et des présentations artistiques des plats. Vous pouvez expérimenter avec des recettes complexes, créer vos propres créations culinaires et résoudre des problèmes liés à la cuisine de manière créative.

  • Niveau Maître (5/5)

 Vous êtes au sommet de votre expertise. Vous êtes exceptionnellement compétent et vous pouvez repousser les limites du domaine. Vous apportez des contributions importantes à votre domaine et vous avez une compréhension profonde et créative.

Par exemple : Dans le domaine de la cuisine, les maîtres sont souvent des chefs renommés et primés. Ils ont une compréhension profonde des différentes cuisines du monde, une capacité à innover et à repousser les limites de la gastronomie. Leurs créations sont considérées comme des chefs-d’œuvre culinaires et ils peuvent former et inspirer d’autres chefs talentueux.

Pourquoi l’autoévaluation peut être difficile :

L’objectif va être de pouvoir vous évaluer en vous interrogeant sur votre référentiel de compétences ; compétence par compétence. 

L’autoévaluation des compétences peut être un défi pour plusieurs raisons :

Raison n°1 : Vous pourriez ne pas savoir comment faire. 

L’évaluation des compétences est une compétence en soi, et si vous n’avez pas l’habitude de vous auto-évaluer, il peut être difficile de savoir par où commencer. De plus s’ajoute une difficulté culturelle. C’est quelque chose qu’on a du mal à faire en France ; et qui est probablement le fruit de notre culture judéo chrétienne ou l’humilité et au travers, reconnaissance de nos limites et de nos erreurs est considérée comme une vertu. 

Raison n°2 : Les biais de perception 

Vous pouvez avoir des biais de perception qui affectent votre capacité à évaluer objectivement vos compétences.

Vous pourriez surestimer ou sous-estimer vos compétences en raison de préjugés sur vos propres capacités ou d’un manque de conscience de soi.

Raison n°3 : La complexité des compétences 

Parfois, les compétences d’un référentiel de diplôme peuvent être abstraites ou en tous cas éloignées de ce que vous faites au quotidien (parfois vous ne connaissez pas le terme universitaire ou académique utilisé alors que vous le faites), ce qui rend difficile leur évaluation précise.

Certaines compétences peuvent être complexes et multidimensionnelles, ce qui les rend difficiles à évaluer de manière précise. Par exemple, le management ; la gestion de projets ; sont des compétences qui peuvent être difficiles à quantifier et à évaluer objectivement. 

Il faut déjà comprendre ce qu’on met derrière et ensuite aller chercher des références externes, des normes professionnelles claires et des échelles de mesure précises pour évaluer chaque compétence. 

Raison n°4 : La variabilité des performances et des contextes professionnels

Vous n’êtes pas des robots ! Vos performances et compétences peuvent varier en fonction des contextes, des environnements professionnels, et du temps. 

Il peut être difficile de savoir si vos compétences sont cohérentes et transférables dans différents environnements quand vous êtes dans une entreprise avec un contexte professionnel avec son jargon, ses codes, sa culture. Vous pourriez être compétent dans certaines situations, mais moins performant dans d’autres. Et tout ça dans un monde qui change et qui va vite : Les exigences évoluent rapidement. Les compétences qui étaient pertinentes il y a quelques années peuvent devenir obsolètes, tandis que de nouvelles compétences comme les soft skills, les compétences transversales peuvent devenir essentielles. 

Raison n°5 : La peur de l’échec 

Votre auto-évaluation peut également être difficile en raison de votre peur de l’échec ou du jugement ; et c’est particulièrement vrai en VAE où vous aspirer à un diplôme. Nous en avons déjà parlé dans les épisodes liés aux peurs de l’écrit et de l’oral que nous vous recommandons de voir ou de revoir. 

Raison n°6 : L’autoévaluation est un processus continu 

Réévaluez régulièrement vos compétences pour suivre votre progression et votre développement. C’est particulièrement vrai quand, en VAE, vous terminez la mission n°2, ou 3 et que vous relisez vos premiers écrits. 

Comment améliorer votre autoévaluation ? 

Pour surmonter ces difficultés, il est essentiel de solliciter des avis extérieurs pour gagner en objectivité. Vous pouvez demander des retours à :

  • Votre entourage professionnel direct et indirect : collègues, clients, partenaires, fournisseurs, autres services de l’entreprise
  • À votre chaîne hiérarchique : N+1, N+2, dirigeants
  • À votre accompagnateur VAE qui va lui vous aider à expliciter votre pratique et peut vous sensibiliser à l’auto-évaluation ; 

Ces avis extérieurs peuvent vous aider à mieux évaluer vos compétences. De plus, n’oubliez pas d’étayer votre auto-évaluation avec des illustrations et des preuves concrètes pour crédibiliser votre évaluation.

Pour conclure, l’autoévaluation des compétences est un processus qui peut s’améliorer avec la pratique, tout au long de votre démarche VAE. 

Comme le rappelle l’adage « c’est en forgeant que l’on devient forgeron », plus vous vous exercerez à l’autoévaluation, plus il vous sera facile de le faire, et de le faire de mieux en mieux. 

Pour aller plus loin dans nos accompagnements, contactez-nous pour vos projets VAE ! 🙂

AVERTISSEMENT IMPORTANT

Ces ressources gratuites en lignes sont à visée généralistes et ne constituent qu’un avis issu de notre expérience de l’accompagnement VAE depuis 2015.
Chaque projet VAE est unique.

Nous vous invitons à :

  • Toujours vous renseigner auprès de vos certificateurs ;
  • Prendre votre rendez-vous d’exploration VAE offert et sans engagement pour obtenir des informations personnalisées sur les taux d’obtention des certifications préparées, les possibilités de valider un/ou des blocs de compétences, ainsi que sur les équivalences, passerelles, suites de parcours et les débouchés ;
  • Faire preuve d’agilité et de patience !
Cet article a été rédigé par
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Julien Acard

Diplômé d’un Master 2 Ingénierie de la Formation et des compétences de l’Université de Strasbourg, Julien est votre référent pour toutes vos questions pédagogiques et handicap.

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